La cellule d’innovation comme levier d’expérimentations régionales

Aujourd’hui, j’ai envie de faire un retour sur la démarche de cellules d’innovation en culture, tourisme et numérique qui s’est concrétisée en 2018. Ce projet de recherche-action qui visait à déployer une communauté technoculturelle dans la région de la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine (GIM) a été marquant dans l’histoire de Cpour.ca.

Il a été marquant parce qu’il est issu d’une idée que j’ai initiée avec deux autres partenaires et qui a mijoté pendant quelques années avant de se mettre en place. Il a été marquant parce qu’il a permis de dynamiser l’écosystème du tourisme, de la culture et du numérique dans ma région. Il a surtout été marquant parce qu’il est un exemple parfait du potentiel du transfert de connaissances. Il est une adaptation d’un levier d’innovation existant dans une autre région et il a ensuite été adapté ailleurs au Québec. Je vous explique tout ça ici, dans ce deuxième billet visant à souligner les 10 ans de Cpour.ca.

Pour (re)lire la mise en contexte de cette série de billets, c’est ici : bit.ly/10anspourCpourca

La genèse

Dans tout projet qui voit le jour, il y a toujours un « avant » qu’on a parfois tendance à oublier. C’est pourquoi je trouve important de rappeler les deux années qui ont précédé le lancement public du projet (2016 à 2018). 

Ce furent deux années de pré-démarrage, d’idéation et de recherches de financement (eh oui, nous avons eu des refus!). Deux années de persévérance pour peaufiner une idée. Autour de la table, il y avait moi, bien sûr, en compagnie de Carol Cotton du TechnoCentre TIC, et de David Guimond, du Laboratoire en innovation ouverte (LLio) (notez qu’à l’époque, celui-ci se nommait Living Lab en innovation ouverte du Cégep de Rivière-du-Loup).

Cette idée avait germé après que nous ayons amené une délégation gaspésienne à Rivière-du-Loup pour prendre part au Muséomix dans le Bas-Saint-Laurent  afin que les participants puissent vivre un premier Muséomix et s’en inspirent. 

Délégation gaspésienne au Muséomix de Rivière-du-Loup, 2016
Délégation gaspésienne au Muséomix de Rivière-du-Loup, 2016
Première expérience Muséomix 2013 au Musée de la civilisation

Un Muséomix c’est quoi?  C’est un marathon technocréatif de trois jours pour inventer le musée de demain. Issu de la communauté internationale « People make museums » dont je fais partie depuis l’édition 2013, qui s’était tenu au Musée de la civilisation à Québec.

À l’heure du lunch, David, Rachel Berthiaume (aussi du LLIO), Carol et moi, nous étions déjà en train de nous demander : comment pourrions-nous créer un Muséomix sur le territoire de la GIM? Nous voyions déjà les enjeux : nos institutions sont plus petites, elles ont peu de moyens financiers, elles sont dispersées sur un vaste territoire (800 kilomètres de côtes!) et puis, comment choisir les heureuses élues! Vous connaissez la suite, le processus d’idéation et d’élaboration s’est poursuivi. 

En chemin, nous avons adopté l’angle du projet de recherche. En effet, l’approche recherche-action permet une rétroaction continue entre la recherche et les pratiques, ce qui permet aussi d’alimenter les réflexions et de bonifier les pratiques par la suite.

Le lancement

C’est finalement en octobre 2018, après que le projet ait reçu le soutien financier du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada, qu’un appel à candidatures a été lancé afin de recruter les institutions participantes. 

L’idée de départ se concrétisait en démarche de création de cellules d’innovation régionales dont l’objectif était de prototyper des expériences touristiques et culturelles enrichies par la technologie. Il s’agissait de mettre en place des collaborations entre des organisations des secteurs touristique, culturel et numérique et de s’en servir comme moteur de création, d’innovation et d’attractivité régionale. 

Au terme de l’appel à candidatures, trois projets expérimentaux ont été retenus et ont été implantés dans trois MRC différentes de la Gaspésie. Le travail d’exploration des conditions de réussite à une collaboration intersectorielle débutait. Au cours des deux années suivantes, chaque projet a été encadré par une démarche globale de recherche-action en mode laboratoire vivant. 

L’institution muséale Exploramer située à Sainte-Anne-des-Monts (MRC de La Haute-Gaspésie) a été retenue grâce à son désir de renouveler ses activités pédagogiques en lien avec le milieu marin. La Corporation de gestion et de mise en valeur du Mont-Saint-Joseph située à Carleton-sur-Mer (MRC d’Avignon) a été retenue puisqu’elle affichait un désir de diversifier son offre d’activités et de souligner la présence autochtone sur son site. Et enfin, le Festival Musique du Bout du Monde situé à Gaspé (MRC de La Côte-de-Gaspé) a été retenu pour son besoin d’accompagnement en lien avec l’implantation de la technologie RFID durant son festival annuel.

Le transfert de connaissances

Les travaux des trois cellules d’innovation ont été documentés publiquement à travers des lignes du temps qui sont disponibles sur le site Web des Cellules d’innovation. Cela constitue d’ailleurs un élément essentiel de la démarche puisque nous visions un transfert de connaissances parmi les acteurs des différents milieux, et plus largement. Je vous invite d’ailleurs à consulter ces récits de vie. Je vous ai aussi préparé une petite vidéo qui présente le tout rapidement. 

[ Vidéo ] Stratégie de transfert de connaissance : Ligne du temps pour documenter les récits des cellules

Au terme de la démarche, les chercheurs percevaient d’ailleurs « une nouvelle encapacitation du milieu à collaborer collectivement de la part de différents intervenants des milieux de la culture, du tourisme et du numérique, qui pourrait définitivement être porteuse pour le développement régional ». À ce sujet, vous pouvez consulter le rapport final : Laboratoire vivant tourisme, culture, numérique en Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine.

Une communauté Facebook a été créée au cours du processus afin que les divers intervenants du milieu puissent partager et échanger sur des projets, des bons coups, des formations, des conférences et des événements.

Finalement, la démarche de cellules d’innovation en culture, tourisme et numérique aura inspiré d’autres régions. Nous sommes particulièrement fiers de dire aujourd’hui qu’elle est la grande soeur du projet : « Exploration et cocréation, le numérique en tourisme et culture au Bas-Saint-Laurent », qui visait à dresser un portrait de la réalité régionale et des enjeux liés aux besoins en matière de développement numérique des entreprises collectives en tourisme et culture au Bas-Saint-Laurent.

Les cellules d’innovation représente définitivement pour moi un levier d’innovation que les organisations devraient utiliser pour réfléchir à leurs pratiques et à leurs stratégies d’avenir. Ainsi, elles mettent en place des espaces de rétroaction permettant de repenser collectivement leur organisation et leur rapport aux clientèles qu’elles desservent.

Autres références :

À propos de ce billet : 

Ce billet s’inscrit dans une série de 10 billets marquants le 10e anniversaire de mon entreprise Cpour.ca. Ces billets ont pour objectif de mettre en lumière des projets manquants ou des collaborations inédites à travers la petite histoire de Cpour.ca. Ceux-ci sont réalisés grâce à la complicité de ma collaboratrice et amie Martine Rioux (Scriba) qui m’appuie avec sa grande expertise de communicatrice et rédactrice de contenu. 

Post by chenierannie

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