Être artiste, est-ce vraiment une carrière?
Au Québec, nous parlons de plus en plus de « gestion de carrière artistique ». À ce titre, plusieurs écoles et organismes offrent des formations faites sur mesure pour les artistes, eux qui pourtant ont été mis en marge du marché de l’emploi traditionnel. Voici que des programmes, tels que la nouvelle formation du CQRHC, donnent l’opportunité au créateur de mieux réfléchir sur ses visées artistiques, d’acquérir une connaissance des réseaux qui pourraient soutenir ses projets et de développer des habiletés de gestion. Le statut d’artiste serait-il en voie de se redéfinir selon ces critères?
Dans l’espoir de voir des carrières artistiques fleurir, nous avons envie de dire aux créateurs : allez-y! Suivez une de ces formations! Une ou plusieurs, même! Des compétences dans le domaine de la gestion de carrière artistique demeurent un atout considérable! Foncez! Et pourtant… Des préjugés demeurent.
Pourquoi ne pas former des artistes entrepreneurs?
Malheureusement peu utilisé au Québec, le terme « artiste entrepreneur » ferait-il peur?
Être artiste, est-ce vraiment une carrière? Être entrepreneur, est-ce vraiment l’affaire des artistes? Ces deux domaines sont-ils vraiment en contradiction?
Parce que l’artiste est l’unique porteur de ses projets et qu’il est le seul maître d’œuvre de sa création, de sa production et de sa diffusion; cela fait de lui un entrepreneur. Voici quelques raisons qui me poussent à envisager ainsi son travail:
- l’artiste doit assumer, seul ou en collectif, la gestion de ses projets;
- il prend des risques financiers, investit dans sa création, et gère ses finances;
- il gère son temps;
- il doit planification la diffusion de son œuvre et définir son marché;
- il doit embaucher des ressources;
- il fait ses propres choix artistiques.
Je ne souhaite pas dénaturer le processus de création, bien au contraire! L’artiste et son œuvre sont la pierre angulaire du développement de nos collectivités, de sa vitalité et de son rayonnement. Pour cette raison, le financement des arts doit demeurer une priorité pour nos gouvernements. Par contre, si l’artiste est confronté à la nécessité de trouver de nouvelles sources de revenus, cela passe, à mon avis, par une bonne gestion de ces projets artistiques, une connaissance du marché, des réseaux et des ressources mises à sa disposition.
Saurons-nous trouver une appellation moins rébarbative qui réunit gestion des affaires et création artistique? Il me semble que l’artiste a tout intérêt, pour pouvoir vivre de son art, à connaître cet adage qui dit que bien souvent, nous n’avons que les limites que nous nous fixons nous-mêmes.
Correction et révision : Marie-Josée Charest
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