L’importance de se rassembler pour trouver des solutions

L’automne dernier, j’ai eu l’occasion de participer à l’enregistrement d’un épisode du balado L’ère du CO, avec Sophie Pétré, de l’équipe Dynamo, une entreprise d’économie sociale ayant comme mission de servir la collectivité. Le sujet en était un que je connais bien : la collaboration intersectorielle, ou l’art de briser les silos pour avoir plus d’impact. Dans ce billet, je vous présente un résumé de notre discussion.

Quand Sophie m’a approché pour participer à l’un des épisodes du balado L’ère du CO, dont l’objectif est de s’interroger sur la collaboration comme levier de transformation sociale, j’ai tout de suite accepté. Je dois néanmoins préciser que je connaissais peu Dynamo; comme quoi l’écosystème d’accompagnement est très vaste au Québec! 

Sophie avait ces questionnements qui l’avaient conduit à vouloir réaliser cet entretien avec moi : 

« Rassembler des personnes de secteurs et de milieux différents pour résoudre des problèmes complexes, c’est bien dans l’idée, mais dans les faits, ça donne quoi ? Comment mise-t-on sur les compétences de chaque personne ? Comment collaborer avec les forces et faiblesses de chacun·e ? Et, c’est quoi ce que l’on appelle la «confrontation positive» ? »

Sophie Pétré, directrice au développement des talents – Dynamo

L’épisode L’intersectorialité : s’engager collectivement à trouver des solutions est disponible sur les plateformes d’écoute en ligne depuis la fin janvier.

3 expériences mises en lumière autour du thème de l’intersectorialité

L’enregistrement de ce balado m’aura permis de revenir sur trois expériences qui ont marqué ma pratique professionnelle et qui ont été influencés par l’intersectorialité. Nous avons pris le temps de parlé des défis rencontrés, de l’évolution des projets, des postures de collaboration, des outils numériques et bien d’autres choses. 

Pour en savoir plus sur les trois projets, je vous redirige vers les billets déjà publiés sur mon blogue.

  1. Le Hub technocréatif du Croissant boréal, qui est une initiative visant le rencontre entre les arts, la créativité, le savoir et le monde des affaires.
  2. Le Réseau ADN et la communauté de pratique des agents de développement culturel numérique, mis en place par le ministère de la Culture et des Communications du Québec,
  3. Les Cellules d’innovation en culture, tourisme et numérique, un projet qui a émergé avec la participation du TechnoCentre TIC et du Laboratoire en innovation ouverte (LLio).

Ceux-ci ont tous mis en scène des personnes provenant de milieux différents, de territoires différents, de contextes différents. Dans tous les cas, elles ont appris à connaître l’autre, à se connaître soi-même et à s’adapter au changement. Elles ont dû réfléchir à la force de la mise en commun… et les résultats ont été au rendez-vous.

Qu’est-ce que l’intersectorialité?

Sophie Pétré cite Lebeau qui définit l’intersectorialité comme suit : 

« L’intersectorialité est une pratique d’acteurs de plus d’un secteur d’intervention qui se mobilise et s’engage en complémentarité d’actions pour mettre à profit les compétences de chacune en vue de satisfaire, de commun accord, certains besoins reconnus par la communauté. »

À travers cette définition, il faut comprendre que l’intersectorialité dépasse le simple fait de se rencontrer ou de consulter des personnes d’un autre secteur que le sien. Cette pratique implique qu’il doit véritablement y avoir un engagement des participants, afin de laisser émerger l’intelligence collective en misant sur les compétences de chacun. D’ailleurs, selon moi, dès le début d’une démarche, les personnes doivent s’entendre sur la compréhension du problème (ou des besoins), avant même de se mettre en action pour trouver des solutions.

L’intersectorialité comme composante du futur

Les problèmes complexes auxquels nous faisons face et que nous souhaitons résoudre peuvent parfois déboucher sur des solutions simples ou complexes. Néanmoins, dans tous les cas, si l’objectif est de trouver des solutions communes, l’intersectorialité devient un puissant levier. 

Pour y arriver, je mise personnellement sur la présence de valeurs communes au sein d’un groupe. Les valeurs d’ouverture, de collaboration et de partage sont généralement présentes. Elles s’expriment de façon différente d’un milieu à l’autre; c’est pourquoi elles doivent être abordées ouvertement dès le début d’une démarche. Lorsque les personnes s’entendent sur la définition des valeurs qui définissent leur groupe, mes expériences me confirment que l’engagement et l’esprit d’initiative sont au rendez-vous pour la suite!

Par exemple, au sein du Hub technocréatif, une collaboratrice a proposé une charte des valeurs qui a été construite et adopté par le groupe. Avec le Réseau ADN, on a documenté les trois valeurs (ouverture, collaboration, partage).

L’évolution de l’intersectorialité

Les pratiques de collaboration ont définitivement évolué au cours des 10 dernières années. Le thème de l’intersectorialité, le désir de vouloir aller vers l’autre, de travailler en collaboration, est beaucoup plus présent. 

Dans le secteur des arts et de la culture, par exemple, on parle aujourd’hui de mutualisation, de projet commun, de biens communs, de pensée systémique. On m’approche pour des mandats de « cocréation » alors que ce terme était méconnu avant. Les organisations ont la volonté de changer leurs manières de faire. Cependant, elles ne connaissent pas encore toutes les subtilités entre co-création, co-contruction, co-design. 

Ce que j’observe également, ce sont des leaders qui émergent dans les organisations, une volonté de tester et d’expérimenter davantage. Le risque est toujours la pérennité de ces démarches. Le processus demeure long et demande un engagement des participants qui dure dans le temps, qui va au-delà de l’événement de cocréation lui-même. 

Pour moi, un bel exemple de projet intersectoriel réussit est sans aucun doute celui du Hub technocréatif du Croissant boréal. À travers ce projet, les participantes et les participants ont réussi à développer une vision commune où un grand nombre de personnes se sont senties interpellées dès le début. 

Les postures de l’intersectorialité

Je ne peux pas m’empêcher de citer les postures de la collaboration qui ont émergé dans le cadre d’une formation d’André Fortin avec les ADN. Je trouve que ces postures conviennent tout à fait dans un processus intersectoriel.

  1. La connaissance de soi-même
  2. L’écoute
  3. La curiosité et l’ouverture
  4. Le partage et la générosité
  5. L’engagement dans une perspective du bien commun.

Le rôle du numérique dans la collaboration

Étant résidente de la Gaspésie, j’ai adoré aborder ce sujet avec Sophie Pétré. Le numérique a toujours joué un rôle important dans ma pratique. Bien avant la pandémie, le numérique répondait à des besoins. Les communautés avec lesquelles j’étais en contact, les projets collectifs auxquels j’ai participé, ont tous eu recours à des outils numériques pour vivre. Le Réseau ADN a des racines dans toutes les régions du Québec. Le Croissant boréal est un immense territoire qui réunit le Nord de l’Ontario francophone, l’Abitibi-Témiscamingue et le Nord-du-Québec / Baie-James. Les cellules d’innovation se sont déployées entre la Baie-des-Chaleurs, la ville de Gaspé et celle de Sainte-Anne-des-Monts. 

Le numérique sert définitivement à briser l’isolement, à rejoindre des publics minoritaires ou des clientèles spécifiques qui ne participent pas aux rencontres en présentiel. Il sert aussi à rompre le clivage entre Montréal et les régions. Grâce à mes expériences, j’ai été témoin de la création de liens durables très forts entre des personnes.

Le chemin vers l’intersectorialité

Pour amener des milieux à tendre vers l’intersectorialité, il n’y a pas de formule magique. Il faut d’abord s’ouvrir à l’autre, trouver un point commun, ne pas vouloir aller trop rapidement sur la gestion du changement ou la transformation. C’est la théorie des petits pas qui prévaut!

La recette de l’intersectorialité

Il n’y a pas de formule magique, mais il y a trois ingrédients qui sont indispensables : 

  1. Être tolérant face à l’ambiguité,
  2. Être un bon apprenant : accepter d’apprendre de ses erreurs,
  3. Se connaître soi-même (une posture que les ADN m’ont appris).

Ce texte n’est qu’un aperçu de la discussion. Je vous invite à écouter l’épisode complet pour connaître l’ensemble des sujets abordés.

En terminant, je tiens à remercier Dynamo pour cette ouverture à la collaboration externe, alors qu’il ne faisait pas partie de mon réseau immédiat. Un balado qui interroge l’avenir de la collaboration permet de se questionner sur la pratique professionnelle à « L’ère du CO » et de confronter « positivement » nos méthodes et nos approches.


Les publications sur mon blogue sont réalisées grâce à la complicité de ma collaboratrice et amie Martine Rioux (Scriba) qui m’appuie avec sa grande expertise de communicatrice et rédactrice de contenu.

Post by chenierannie

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