Une rencontre entre les arts, la créativité, le savoir et le monde des affaires

Je m’intéresse aux tiers-lieux depuis plusieurs années.  Ces espaces à la fois communautaires, professionnels et conviviaux, qui regroupent des acteurs d’un même milieu mais d’horizons différents, qui collaborent afin de faire émerger le meilleur de leur territoire. Cet intérêt m’a d’abord conduite en France, avant de me propulser dans le Croissant boréal, cette région qui réunit le Nord de l’Ontario francophone, l’Abitibi-Témiscamingue et le Nord-du-Québec Baie-James.

Tout a débuté en 2008 lorsque j’ai participé au programme Courants du monde de l’Observatoire des politiques culturelles, situé à Grenoble en France. Celui-ci accueille les professionnels étrangers pour y étudier les politiques culturelles publiques dans la Francophonie. C’est à ce moment que j’ai eu un premier contact avec un théâtre ;  Hexagone Scène Nationale Arts Sciences – Meylan associé au CEA, un acteur majeur de la recherche, du développement et de l’innovation à Grenoble. Ce croisement entre art et savoir a toujours inspiré ma pratique professionnelle.  

En 2018, souhaitant réfléchir au concept de tiers-lieux culturels, je suis retournée vers Grenoble pour rencontrer à nouveau le théâtre Hexagone afin de documenter les cultures numériques. Au Québec, l’émergence de tiers-lieux est de plus en plus observée. Ils prennent aussi d’autres noms comme lab culturel, hubs créatifs, médialabs, incubateurs, etc. Ils sont le fruit de mobilisation de collectivités locales, régionales ou nationales. Le Centre Bang à  Saguenay et le Centre en art actuel Sporobole à Sherbrooke sont des exemples qui ont attiré mon attention au fil des années.

Puis, un jour, j’ai rencontré Rosalie Chartier-Lacombe, directrice du Petit Théâtre du Vieux Noranda (PTVN). Rosalie est l’impulsion et le leadership derrière le développement numérique du PTVN, organisme qui agit comme porteur du projet Avantage numérique que l’on peut aujourd’hui qualifier de hub technocréatif. J’ai eu l’opportunité de participer à l’idéation de ce nouveau tiers-lieu, unissant les communautés du Croissant boréal. J’ai partagé ce mandat avec Maude Labrecques-Denis qui assure la coordination du Hub.

Qu’est-ce qu’Avantage numérique ?

  • L’idée du projet Avantage numérique est née de l’organisation d’un colloque Avantage Numérique 2012. Pour la petite histoire, il s’agit du premier événement professionnel auquel j’ai participé en tant qu’entreprise!
  • Aujourd’hui, 10 ans plus tard, et après de multiples rencontres de cocréation et surtout de prototypage, Avantage numérique se décrit comme un « hub virtuel, physique et mobile qui dessert les secteurs de la culture, des affaires et du savoir » pour le territoire du Croissant boréal. L’aspect de virtualité et de mobilité est définitivement distinctif à ce territoire qui couvre le Nord de l’Ontario francophone, l’Abitibi-Témiscamingue et le Nord-du-Québec. Comme toutes les structures de ce type, il se veut évolutif, et il continuera de l’être, en fonction des besoins des communautés qu’il dessert.
Ligne du temps d'Avantage numérique de 2012 à aujourd'jui.
Ligne du temps d’Avantage numérique

Mon mandat

En 2019, j’ai donc débuté un mandat qui s’articulait autour d’une étude de faisabilité d’un hub technocréatif et qui visait la réalisation de 2 phases : 

  • Phase 1 : Phase de collecte d’informations (attentes et besoins)
  • Phase 2 : Structuration et consolidation de la communauté du Croissant boréal

Ce mandat, qui s’est déroulé jusqu’à l’automne 2020, a notamment permis de : 

  • définir avec la communauté du Croissant boréal une vision commune;
  • s’approprier collectivement le concept de hub (Pour ce faire, nous sommes parties des travaux Lumière sur le phénomène des hubs créatifs au Canada pour prototyper la perception et la vision d’un futur hub pour le territoire du Croissant boréal);
  • rencontrer 11 communautés locales (villes), ce qui m’a permis de faire beaucoup de routes 🙃 et de découvrir « La traverse |  route 1055 » entre Lebel-sur-Quévillon et Matagami, mais surtout de faire la connaissance de près de 150 personnes sur ce grand territoire nordique;
  • et surtout prototyper 16 propositions sous le thème : « Comment pourrions-nous imaginer notre hub du Croissant boréal? ». 
Exemples de prototype

Ces prototypes ont permis de :

  • définir les besoins prioritaires à combler;
  • identifier et préciser l’écosystème culture + savoir + affaires présent sur le territoire;
  • s’approprier le concept de hub et l’adapter aux réalités régionales.

Une rencontre multisectorielle

La vision du hub technocréatif porte l’idée « d’une rencontre et d’un regard croisé entre les arts, la créativité, le savoir et le monde des affaires ».  Le défi était donc important puisque ces univers ne sont pas encore habitués à cohabiter, bien qu’ils aient tout intérêt à le faire.

Par ailleurs, si le monde des arts et de la créativité sont à l’aise avec la cocréation et le prototype (ex. dessiner pour tester des idées et pour valider des concepts), je me rappelle du regard perplexe des élu(e)s, des acteurs sociaux économiques ou des gens d’affaires face à cette démarche de cocréation.

Néanmoins, la participation aux rencontres de cocréation a été exceptionnelle (142 participants).  Cela a été plus difficile pour la représentation des secteurs avec 40 % des participants qui ont dit représenter plusieurs secteurs (savoir, affaires, culture), 35 % le secteur culturel,  18 % le secteur des affaires et 7 % le secteur du savoir. 

Mes conclusions

Au terme de la démarche, j’ai produit un rapport qui est disponible sur le site Web d’Avantage numérique. Celui-ci fait état de plusieurs recommandations au sujet de la mobilisation, de l’engagement mutuel et du développement de la communauté, notamment en ligne, en raison du grand territoire.

Le hub technocréatif du Croissant boréal fera toujours face à la dualité d’une communauté apprenante visant la concertation, le réseautage et l’amélioration de la littératie numérique pour tous et la structuration du hub comme incubateur de projets innovants.

Mon mandat est terminé avec l’équipe du projet Avantage numérique. L’aventure du hub technocréatif se poursuit et continue d’évoluer de façon concrète. Le hub virtuel est un lieu de rassemblement et de partage en ligne. C’est aussi l’agrégateur de l’offre technocréative du Croissant boréal, avec un site Web, des réseaux sociaux et des plateformes collaboratives. Le hub physique favorise l’accès aux ressources matérielles et aux infrastructures sur les territoires et le hub mobile facilite la circulation de ces ressources ainsi que des talents technocréatifs.  

De grands chantiers sont au cœur des actions des différents partenaires :

Je suis pas mal fière d’avoir participé à cette démarche. La vitalité et le dynamisme des acteurs de ce territoire ont été observés à quelques reprises comme étant une condition à succès. Quel bonheur de contribuer à un projet qui représente en tout point la concrétisation de valeurs d’ouverture, de partage et de collaboration qui me sont chères.

Le hub technocréatif du Croissant boréal représente assurément un modèle inspirant démontrant que la rencontre entre les arts, la créativité, le savoir et le monde des affaires est possible et souhaitable pour le développement d’un territoire.

À propos de ce billet : 

Ce billet s’inscrit dans une série de 10 billets marquants le 10e anniversaire de mon entreprise Cpour.ca. Ces billets ont pour objectif de mettre en lumière des projets manquants ou des collaborations inédites à travers la petite histoire de Cpour.ca. Ceux-ci sont réalisés grâce à la complicité de ma collaboratrice et amie Martine Rioux (Scriba) qui m’appuie avec sa grande expertise de communicatrice et rédactrice de contenu. 

Post by chenierannie

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